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ont surgi, et elles sont toutes plus ou moins hétérodoxes. L’école des Svâbhâvikas, de ceux qui croient à ce qui existe par soi-même, est celle des philosophes de la nature. La nature pour eux est la nature existant par elle-même, absolue, et la nature constitutive de chaque être. Aux yeux des Svâbhâvikas, il n’existe pas de principe spirituel ; la nature est douée de toutes les qualités, sans en excepter l’activité et l’intelligence. La création et la destruction de l’univers sont produites par la succession éternelle des deux états de repos et d’activité dans lesquels passe cette nature. Cependant, parmi les formes animées, l’homme est la plus élevée ; ce système athée lui reconnaît le pouvoir de s’affranchir de la nécessité de reparaître au milieu des phénomènes passagers de la nature à l’état actif, et, cela, en sachant rentrer dans cette même nature sous sa forme propre, constitutive, exempte de manifestations. Arrivées à cet état abstrait, les âmes conservent-elles le sentiment de leur personnalité ? Les uns le nient, tandis que les autres prétendent que l’âme a conscience du repos dont elle jouit. Les Aiçvârikas sont des théistes qui reconnaissent l’existence d’un principe immatériel, d’un Dieu ; mais qui ne croient point à sa providence. Après la mort, selon eux, l’âme passe dans d’autres formes, pour arriver, après des expiations et des actions méritoires, au vide. Enfin, l’école des Kârmikas, — de ceux qui croient à l’action, — reconnaît comme règle de conduite l’action morale, accompagnée de conscience ; et les Yatnikas, sectateurs de l’effort, admettent l’action intellectuelle, l’effort de l’intelligence, accompagnés aussi de la conscience qui les dirige. Ces quatre écoles sont donc, en résumé, naturaliste, athéiste, morale et intellectuelle[1]. Enfin, les Tantras traitent du culte des dieux et des déesses terribles et bizarres, qui se sont introduits dans le bouddhisme par l’influence des idées indiennes, au milieu desquelles ce système moral et religieux s’était développé. Deux de ces traités ont été traduits par M. le professeur Wilson ; le plus grand intérêt qu’ils puissent offrir, c’est de permettre de suivre, dans une certaine partie de la littérature bouddhique, le mélange des idées

  1. Voir l’Introd. à l’Histoire du Bouddhisme indien, p. 440. La métaphysique du Bouddhisme a été l’objet d’importants travaux de la part de M. Hodgson, qui l’étudiait au Népâl même ; elle a fourni aussi à M. Schmidt, de l’Académie de Saint-Pétersbourg, le texte d’excellents Mémoires. Ce savant a travaillé sur les livres mongols et tibétains.