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Ève je suis, hélas ! la mal, la trop aimée
souveraine exilée au royaume de chair,
la somme des péchés épars dans l’univers,
idolâtrée, honnie, jamais aimée.
Ève je suis, qui a caressé le serpent
de sa main petite et terrible
et je suis à jamais la lyre de Satan.
Celui qui m’a suivie hors du jardin sensible
et qui m’est d’un seul coup devenu étranger
se souvient-il de notre corps léger,
de ce corps musical qui rayonnait notre âme,
fleur de chair aimantée à la vie éternelle
et s’épanouissant en neigeuses pensées ?
Un flot d’amour coulait entre nos mains unies,
nous étions au jardin la lumière et la vie…

Aujourd’hui nous semons la douleur et la mort.


(Rondo capriccioso, VI)


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