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SOUVENONS-NOUS !…



Le temps passe, les générations se suivent, les morts sont oubliés. Telle est la loi inéluctable, bienfaisante à coup sûr, car l’humanité ne pourrait vivre si chaque souvenir douloureux devait peser à jamais sur les âmes.

Il est cependant des souvenirs dont l’horreur peut s’estomper à mesure qu’ils descendent dans le passé, mais qui ne peuvent jamais s’effacer complètement dans la mémoire des hommes.

De ce nombre, avec tant d’autres actes également infâmes qui ont fait descendre l’Allemand au-dessous de l’humanité la plus bestiale, est le bombardement de l’église Saint-Gervais, le Vendredi Saint, 29 mars 1918.

Depuis le samedi précédent, le 23 au matin, les premiers obus étaient tombés sur la ville, et le premier de tous — chose à remarquer ! — tout près de Saint-Gervais, sur la paroisse même, rue François-Miron, 68.

C’est seulement vers le soir que le public commença à accepter l’idée qu’un canon pouvait bombarder Paris