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ment de septicémie. C’est ce qui arriva, mais une difficulté nouvelle apparut. Toutes nos cultures devinrent stériles. Bien plus, cette stérilité se joignait à la perte de la virulence de la semence dans le liquide de culture.

L’idée nous vint que le vibrion septique pourrait être un organisme exclusivement anaérobie et que la stérilité de nos liquides ensemencés devait tenir à ce que le vibrion était tué par l’oxygène de l’air en dissolution dans ces liquides. L’Académie se souviendra peut-être que j’ai constaté autrefois des faits du même ordre sur le vibrion de la fermentation butyrique, qui non-seulement vit sans air, mais que l’air tue[1].

Il fallait donc essayer de cultiver le vibrion septique dans le vide ou en présence de gaz inertes tels que le gaz acide carbonique. Les faits répondirent à notre attente : le vibrion septique se développe avec facilité dans le vide parfait, avec une facilité non moins grande en présence de l’acide carbonique pur.

Ces résultats avaient un corollaire obligé. En exposant un liquide chargé de vibrions septiques au contact de l’air pur, on devait tuer les vibrions et supprimer toute virulence. C’est ce qui arrive. Qu’on place quelques gouttes de sérosité septique, étalée en très-mince épaisseur dans un tube couché horizontalement et en moins d’une demi-journée, le liquide deviendra absolument inoffensif, alors même qu’il était, au début, à ce point virulent, qu’il entraînait la mort par l’inoculation d’une très-minime fraction de goutte.

Il y a plus : tous les vibrions qui remplissent à profusion le liquide sous forme de fils mouvants se détruisent et disparaissent. On ne trouve, après l’action de l’air, que de fines granulations amorphes, impropres à toute culture, non moins qu’à la communication d’une maladie quelconque. On dirait que l’air brûle les vibrions.

S’il est terrifiant de penser que la vie puisse être à la merci de la multiplication de ces infiniment petits, il est consolant aussi d’espérer que la science ne restera pas toujours impuissante devant de tels ennemis, lorsqu’on la voit, prenant à peine

  1. Ce vibrion n’est-il pas le même que le septique ? c’est une étude que nous avons commencée.