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moyen, dans l’état actuel de la science, que de soumettre le microbe (nouvelle et heureuse expression proposée par M. Sédillot) à la méthode des cultures successives en dehors de l’économie. Notons que par douze cultures, chacune d’un volume de dix centimètres cubes seulement, la goutte originelle est diluée autant que si elle l’avait été dans un volume liquide égal au volume total de la terre. C’est précisément le genre d’épreuves auquel nous avons soumis la bactéridie charbonneuse, M. Joubert et moi. Après l’avoir cultivée un grand nombre de fois dans un liquide privé de toute virulence, chaque culture ayant pour semence une gouttelette de la culture précédente, nous avons constaté que le produit de la dernière culture était capable de se multiplier et d’agir dans le corps des animaux en leur donnant le charbon avec tous les symptômes de cette affection.

Telle est la preuve, suivant nous indiscutable, que le charbon est la maladie de la bactéridie.

En ce qui concerne le vibrion septique, nos recherches n’avaient pas porté aussi loin la conviction. Aussi, est-ce à combler cette lacune que nous nous sommes tout d’abord attachés, à la reprise de nos expériences. Dans ce but nous avons tenté la culture du vibrion septique, prélevé sur un animal mort de septicémie. Chose digne de remarque, toutes nos premières expériences ont échoué, malgré la variété des milieux de culture dont nous nous sommes servis : urine, eau de levûre de bière, bouillon de viande, etc.

Nos liquides ne restaient pas inféconds, mais nous obtenions le plus souvent un organisme microscopique n’offrant aucun rapport avec le vibrion septique et ayant la forme, d’ailleurs très-commune, de chapelets de petits grains sphériques d’une extrême ténuité et sans virulence d’aucune sorte. C’était une impureté semée à notre insu en même temps que le vibrion septique et dont le germe passait sans doute des intestins, toujours enflammés et distendus chez les animaux septicémiques, dans la sérosité abdominale où nous prenions, à l’origine, la semence du vibrion septique. Si cette hypothèse, au sujet de l’impureté de nos cultures, était fondée, nous devions vraisemblablement obtenir le vibrion septique pur en allant le chercher dans le sang du cœur d’un animal mort récem-