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du pus entièrement privé d’organismes vivants. C’est le cas de l’épine de Van Helmont. Un corps étranger amène la formation du pus ; les globules du pus eux-mêmes ont cette faculté, et c’est ainsi qu’il est vrai de dire métaphoriquement que le pus engendre le pus.

Si j’en avais le temps, je m’arrêterais à décrire la résorption des abcès métastatiques. C’est un phénomène curieux à suivre dans ses détails, et ce qui est particulièrement intéressant à observer, c’est la facilité avec laquelle la nature, prenant le dessus, se débarrasse de foyers purulents qui recouvrent quelquefois à profusion tous les lobes du foie.

Il y a un autre point de nos études dont j’aurais désiré entretenir l’Académie, je veux parler de la formation même du pus. Mais nous arrivons à des résultats si opposés à ceux qui ont cours dans la science, et il est si difficile de conclure dans ces très-délicates recherches, que je dois remettre ce soin à une communication ultérieure. Pour nous, présentement, ce seraient les globules rouges du sang qui feraient les globules de pus par une transformation pure et simple des premiers dans les seconds. Mais dans les sciences dites d’observation, l’illusion est si facile, quand on ne s’appuie que sur l’observation !

J’ai hâte d’arriver à un autre ordre de faits qui mérite, plus encore que ce qui précède, l’attention du chirurgien, je veux parler des effets de notre microbe générateur de pus quand il est associé au vibrion septique. Rien de plus facile alors que de superposer en quelque sorte deux maladies distinctes, et de produire ce qu’on pourrait appeler une infection purulente septicémique ou une septicémie purulente. Tandis que le microbe générateur de pus forme, lorsqu’il est seul, un pus lié, blanc, à peine teinté de jaune ou de bleuâtre, nullement putride, diffus ou enveloppé de ce qu’on a appelé une membrane pyogénique, n’offrant le plus souvent aucun danger, surtout s’il est localisé dans le tissu cellulaire, prêt enfin, si l’on peut ainsi dire, pour une résorption prompte, le moindre abcès, au contraire, que détermine ce microbe, quand il est associé au vibrion septique, prend un aspect blafard, gangréneux, putride, verdâtre, infiltré dans des chairs ramollies. Dans ce cas, le microbe générateur de pus, porté, pour ainsi dire, par le vibrion septique, accompagne ce dernier dans tout