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chaque jour que le nombre de ces germes est pour ainsi dire insignifiant à côté de ceux qui sont répandus dans les poussières à la surface des objets ou dans les eaux communes les plus limpides. Et d’ailleurs rien ne s’opposerait à l’emploi des procédés antiseptiques de pansement ; mais, joints aux précautions que j’indique, ces procédés pourraient être singulièrement simplifiés. Un acide phénique, non concentré, et par conséquent sans inconvénient par sa causticité pour les mains de l’opérateur ou pour sa respiration, pourrait être avantageusement substitué à un acide phénique caustique.

Le sujet qui nous occupe a trop d’importance pour que l’Académie ne m’accorde pas encore quelques minutes d’attention en me permettant de particulariser davantage et de descendre dans des détails plus précis, s’il est possible, sur les dangers de mort à la suite des amputations, ou même à la suite des plus simples blessures, car il y a plusieurs exemples avérés de mort provoqués par une saignée de précaution.

Je parlerai d’un vibrion qui n’a pas encore été signalé et dont les propriétés jettent un nouveau jour sur le grand écueil de la chirurgie, l’infection purulente.

Lorsqu’on prend pour semence d’une culture dans le vide quelques gouttes d’une eau commune, il peut arriver qu’on obtienne un seul organisme, car l’eau commune ne contient souvent que par unité certains germes, lorsqu’on la prend sous un très-petit volume et à titre de semence pour une culture déterminée. C’est là encore un précieux moyen de séparation des germes. Afin d’abréger, je ne m’arrêterai pas à la preuve de ces assertions.

Si l’on multiplie des cultures ainsi faites avec des eaux communes diverses, on rencontre souvent le vibrion dont je veux entretenir l’Académie et dont voici les principaux caractères[1]. C’est un être tout à la fois aérobie et anaérobie ; en d’autres termes, cultivé au contact de l’air, il absorbe l’oxygène et rend un volume égal de gaz acide carbonique sans formation de gaz hydrogène. Dans ces conditions, il n’est pas ferment. Cultivé, au contraire, dans le vide ou en présence du gaz acide

  1. En ce moment, avec l’eau qui alimente mon laboratoire, 50 fois sur 100, en quelque sorte, on obtient ce résultat.