Page:Pasteur - La Théorie des germes et ses applications à la médecine et à la chirurgie, 1878.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étendue, et aussitôt les germes septiques donneront lieu, en moins de 24 heures, à une infinité de vibrions se régénérant par scission, capables d’engendrer une septicémie mortelle à bref délai.

Les nombreuses cultures que nous avons dû faire du vibrion septique nous ont permis de constater des faits curieux touchant l’histoire naturelle des organismes microscopiques.

Un des liquides dont nous nous sommes servis pour la culture du vibrion septique est l’extrait qu’on désigne dans le commerce sous le nom de bouillon Liebig, après l’avoir étendu de dix fois son poids d’eau et l’avoir neutralisé ou rendu légèrement alcalin, puis porté à une température de 115 degrés pendant un quart d’heure, de façon à le rendre absolument imputrescible au contact de l’air pur. Nous avons dit que le vibrion septique est formé par de petits fils mouvants. C’est particulièrement l’aspect sous lequel on le rencontre dans la sérosité abdominale ou dans les muscles des animaux morts de septicémie, mais il est souvent associé, et particulièrement dans les muscles, surtout dans les muscles de l’abdomen, à de très-petits corps généralement immobiles, ayant la forme lenticulaire. Ces lentilles, qui portent quelquefois un corpuscule germe à une de leurs extrémités, ont été pour nous pendant longtemps un embarras et un mystère. Nos essais de culture nous ont appris heureusement qu’elles ne sont autre chose qu’une des formes du vibrion septique. Quelquefois la lentille se termine d’un côté par un appendice allongé, prenant ainsi la forme d’un battant de cloche. Nous avons vu également le vibrion septique sous la forme de petits bâtonnets extrêmement courts, dodus ou très-grêles ; mais ce qui mérite le plus de surprendre, c’est la facilité avec laquelle le vibrion septique peut se reproduire sans manifester le moindre mouvement, facilité jointe à une grande diminution de virulence, bien que celle-ci ne soit pas absente. Pendant longtemps même nous avons cru que nous avions affaire à deux ou plusieurs vibrions septiques de formes et de virulences différentes et que par nos cultures nous obtenions des séparations plus ou moins complètes de ces divers vibrions. Il n’en est rien. Nous n’avons rencontré dans la septicémie proprement dite qu’un seul vibrion,