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fections et comme si le manuscrit original était sous les yeux. L’importance même qu’on peut leur attribuer exige qu’elles soient reproduites avec une exactitude rigoureuse.



Lorsque Claude Bernard fut enlevé à la Science, son génie était dans toute sa force et son esprit d’invention n’avait souffert aucune diminution. Il avait entrepris, depuis quelques mois, une nouvelle série de recherches sur la fermentation alcoolique, et il annonçait à ses amis et à ses élèves qu’il croyait avoir fait des découvertes susceptibles de modifier profondément les théories régnantes. Malheureusement la mort l’a surpris avant qu’il ait pu donner son secret ; quand il en eut la pensée, il était déjà trop tard : « Cela est dans ma tête, disait-il à M. d’Arsonval, son dévoué préparateur, qui a entouré ses derniers moments des soins les plus affectueux, cela est dans ma tête, mais je suis trop fatigué pour vous l’expliquer ».

Claude Bernard n’avait pas l’habitude d’écrire le détail de ses expériences avant d’être parvenu à des résultats définitifs. Aussi tout portait ses amis à regarder ses dernières découvertes comme complètement perdues, lorsque M. d’Arsonval retrouva dans un coin, soigneusement caché, le cahier de Notes qui suit et qui est entièrement autographe.

Ce sont des Notes de laboratoire relatant sous une forme sommaire les essais que Claude Bernard avait exécutés en octobre 1877, dans sa propriété de Saint-Julien, près de Villefranche, à l’époque des vendanges. Les résultats en sont présentés d’une façon trop abrégée pour constituer une démonstration rigoureuse, pas plus que ne le sont en général les Notes des inventeurs, une portion de leurs vues et de leurs travaux, souvent la plus décisive, demeurant réservée dans leur esprit jusqu’au jour de la rédaction finale. Ces brèves indications offrent un intérêt spécial, parce qu’elles sont accompagnées de ces réflexions personnelles que tout savant ori-