Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LA GUERRE DES DIEUX,

Jadis elle eut son hymne matinale :
Mais les mortels, tout entiers à Jésus,
Méconnaissant l’amante de Céphale,
Baissent les yeux, et disent l’Angelus.
Neptune armé du trident redoutable,
De l’Océan soulève tous les flots ;
Et leur abîme aux tremblans matelots
Offre la mort, la mort inévitable.
Sur les vaisseaux les fougueux Aquilons,
Le peuple entier des vigoureux Tritons,
Et Téthys même avec les Néréides,
Faisaient tomber des montagnes liquides.
Le dieu des mers criait dans son courroux ;
« Priez Neptune, ou vous périssez tous. »
Sans l’écouter, ils invoquent la Vierge,
Et dans leur vœu lui promettent un cierge.
Elle sourit à ce présent nouveau,
Se lève ensuite, et craignant de mal dire,
En rougissant elle dit : Quos ego
Les vents ont peur ; des flots la rage expire ;
Et les vaisseaux, que protège un ciel pur,
Semblent glisser sur le liquide azur.