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CHANT V.

— Je reconnais cette insigne faveur.
— De ces raisins exquise est la saveur.
J’ai voyagé quelquefois en Syrie :
Du bon Noé je daignais visiter
L’humble cabane et la treille chérie ;
Chez Abraham j’aimais à m’arrêter ;
Loth m’ébergea dans la ville coupable
Dont le nom seul outrage la beauté :
Vous concevez comme j’étais fêté !
Des fruits choisis pour moi couvraient leur table.
J’ai touché même à ces fameux raisins
Que rapportaient de la terre promise
Les éclaireurs envoyés par Moïse :
Ils étaient bons ; les vôtres sont divins. »
Tous déjeunaient avec pleine assurance.
Trop confians, aucun n’a soupçonné
De ces doux fruits la magique puissance ;
Ils enivraient. Déjà l’ange étonné
Dans son cerveau cherche en vain sa prudence ;
Il y trouvait le trouble et la gaîté.
Il se console, et croit gagner au change.
Des étourdis qui l’avaient imité