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les enfances.

prend rien à ce qu’on lui réclame : il demande cependant ses armes, quoique tout meurtri des blessures reçues dans le précédent combat. « Ah ! » s’écrie-t-il douloureusement, « royaumes de Gannes et de Benoïc, combien vous me donnez de tourment ! et quel grand péché commet celui qui déshérite les autres ! Pour lui plus de paix, plus de sommeil. Est-il une tâche plus dure que de gouverner le peuple dont on n’a pas le cœur ? Hélas ! dame nature reprend toujours le dessus, les hommes reviennent toujours à leur droit seigneur. D’ailleurs il n’est pas supplice pareil à celui de voir un autre jouir de ses propres honneurs, régner où l’on devrait régner soi-même : nulle douleur comparable à celle de l’exil et du déshéritement. »

Ainsi parlait et pensait Claudas, entouré de tous ses chevaliers armés, devant les portes de son palais. La nuit venait de tomber, les rues voisines étaient tellement éclairées de torches et de lanternes qu’on eût pu se croire en plein midi. Pharien, au premier rang, avant de donner le signal, prononçait à haute voix la complainte funèbre des enfants, quand le roi Claudas demanda à lui parler : « Pharien, dites-moi, que veulent toutes ces gens ? Est-ce pour mon bien ou dommage qu’ils se sont assemblés ? — Sire, » dit Pharien, « vous deviez nous rendre les deux fils du roi Bohor, et vous avez à leur