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l’étroite marche.

que vous ne soyez assez belle, assez sage, assez riche pour le plus vaillant des chevaliers ; mais tant que je n’aurai pas achevé la quête que j’ai commencée, je ne dois pas prendre femme. Si je vous épousais maintenant, il n’en faudrait pas moins m’éloigner avant le soir, pour acquitter mon vœu[1]. Si la mort m’empêchait de revenir, vous auriez trop à regretter d’avoir engagé votre liberté. — Oh ! que Dieu vous défende de la mort ! Mais, chevalier, me promettez-vous au moins de ne pas prendre femme avant de m’avertir ? — Non, demoiselle, car il peut arriver tel incident qui me conduirait à fausser ma promesse. — Alors, accordez-moi une autre grâce ; c’est de ne pas vous engager pour raison de lignage ou de richesse, mais pour amour véritable. — Oh ! cela, je le promets volontiers ; vous pouvez être sûre que je ne mentirai pas. »

Elle rentra dans sa chambre, et le lendemain elle alla, toute joyeuse, conter à son père ce que lui avait promis Hector. « Avant la fin de l’année, dit-elle, je saurai bien faire qu’il n’aime personne autant que moi. — J’en aurai, dit le père, la plus grande joie du monde. » Elle va, surprend Hector au moment où il se levait :

  1. Les chevaliers en quête ne devaient jamais reposer deux jours de suite dans la même maison. (Voy. t. II. Artus, p. 267.)