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lancelot du lac.

chevalier du pavillon brise son glaive ; Hector, qui avait ôté le fer du sien, pour rendre le combat moins inégal, l’atteint en pleine poitrine et le lance rudement à terre. Il lui laisse tout le temps de se relever ; mais alors il le frappe de la taille de l’épée, le rejette à terre et lui foule le bras. Le chevalier se relève encore, prend à deux mains son épée, et l’abat sur le heaume d’Hector qui répond en faisant sauter la lame et en forçant le chevalier à chercher un abri dans le pavillon où il pénètre après lui. L’autre, voyant sa vie en danger, se hâte d’ôter son heaume et de s’avouer outré : « J’étais mal armé, ajoute-t-il, et ce n’est pas à vous grand honneur de m’avoir vaincu. Si vous me donniez le temps de me couvrir, vous pourriez être fier de votre victoire. — Eh bien ! si tu tiens à recommencer, va mieux t’armer, mais dis-moi d’abord d’où venaient les cris que j’ai entendus. — D’une pucelle que j’ai longtemps aimée : elle m’a honni, je ne veux pas le lui pardonner, et de là son chagrin, ses cris. — C’est pour elle apparemment que tu as navré ton cousin sans le défier ? — Justement l’outrage qu’il me faisait ne m’obligeait pas à le défier. » Pendant qu’il s’arme, la demoiselle reproche vivement à Hector de n’avoir pas profité de son premier avantage : « À votre place, il eût agi tout autrement. — Demoiselle, cela peut être, mais j’étais