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lancelot du lac.

position. Au lever des tables, il sortit et Claudas prit place auprès de la dame sur une belle et riche couche[1]. Il apprit d’elle que Pharien l’avait reconnu et qu’elle était, depuis ce temps, enfermée dans la tour, où elle menait la plus malheureuse vie du monde. « Vous pourriez aisément me délivrer et tirer vengeance de Pharien. Il garde depuis trois ans chez lui les deux fils du roi Bohor, apparemment pour les aider à ressaisir leur héritage, quand ils seront en âge. — Je vous remercie, dit Claudas, de l’avis, et je saurai bien en faire mon profit. »

Il prit congé de Pharien, sans témoigner de ressentiment. Dans le nombre de ses barons, il comptait le proche parent d’un chevalier que Pharien avait mis à mort, au temps du roi Bohor, et c’est pour cela qu’il avait été dépouillé de ses fiefs. Claudas le fit venir : « Je veux bien, lui dit-il, vous donner moyen de vous venger de Pharien. Il nourrit en secret les enfants de Bohor ; accusez-le de trahison, et, s’il nie, demandez à le prouver de votre corps contre le sien. Je vous promets après le combat la charge de sénéchal. »

  1. La couche, dont le diminutif est coussin, répond toujours dans nos romans à ce que nous appelons divan ou canapé.