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groadain et sa nièce.

mourir moi-même ! » Le nain désespéré alla raconter aux deux dames le mauvais succès de son message : « Il faut, dit la dame de Roestoc, que ce soit le plus dur cœur du monde. — Savez-vous, dit la reine, ce que nous ferons ? Vous direz à vos gens que vous m’avez refusé de séjourner ici ; je vous demanderai un don, et vous me l’accorderez. »

La dame de Roestoc avertit ses gens de tout disposer pour le départ du lendemain. Dès que la reine la revoit, elle insiste, devant tous, pour la décider à demeurer, et la dame répond par un refus absolu. Elles se lèvent, vont voir le roi qui aussitôt prend courtoisement par la main la dame de Roestoc, pendant que la reine de son côté tire à l’écart la demoiselle : « Si, dit-elle, vous ne m’aidez à tromper la dame de Roestoc, je ne vous aimerai jamais. — Que faut-il faire pour cela, dame ? — Le voici : elle refuse de séjourner, en disant que vous-même ne le voudriez pas et qu’elle ne devait pas vous laisser partir seule. J’entends lui requérir un don en votre présence, puis je vous en demanderai un autre. Elle croira que mon intention est de la faire consentir à demeurer, mais non : je ne veux que la forcer à pardonner à votre oncle Groadain. — Ah ! madame, reprit la nièce, que vous êtes sage et bien avisée ! »

Elles retournent alors vers la dame de Roes-