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lancelot du lac.

matin. Oui, si tu vivais ton âge, tu serais assurément le plus hardi des chevaliers. Dieu ne me soit jamais en aide, si je consentais, pour la couronne du monde, à te donner la mort ! Il est bien vrai que ce matin je n’avais rien autant à cœur que ma vengeance ; je l’ai sentie tomber ; ma première résolution s’est évanouie en te voyant, toi si jeune encore, donner ta vie pour sauver tes compagnons, tes amis. Et quand même je voudrais me délivrer d’un aussi furieux ennemi, je devrais encore me garder de le faire, pour l’amour de Pharien, ton oncle, qui m’a sauvé la vie quand tu allais me la ravir. »

Il fait alors apporter une de ses robes les plus riches et la présente à Lambègue, qui refuse de la prendre. « Soyons amis, lui dit le roi ; consens à demeurer près de moi, à recevoir de mes fiefs. — Non, Claudas ; au moins attendrai-je pour devenir ton homme que mon oncle le redevienne. » Le roi envoie alors un chevalier vers Pharien, qui se tenait à la porte de Gannes, le heaume lacé, le glaive au poing, l’épée à la ceinture, résolu d’attendre Claudas et de le tuer, dès qu’il apprendrait que son neveu avait cessé de vivre.

Le messager l’ayant amené : « Pharien, » lui dit Claudas, « je viens de m’acquitter envers vous : j’ai pardonné à Lambègue. Votre