Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
les enfances.

la main droite, fait le signe de la croix sur son visage et sur son corps, puis, l’épée en main il retourne son cheval : « Lambègue, dit-il, ne te presse pas ; on sait assez que je ne suis pas traître, et tu vas voir si je mérite d’être appelé couard. » Jamais Lambègue ne ressentit tant de joie. Il atteint, le premier, Claudas de son long épieu, sur le haut de la poitrine. Un peu plus bas, c’en était fait de lui. Le roi, fortement blessé, chancelle sur son cheval, puis se remet, et, comme Lambègue passait, sans avoir encore eu le temps de tirer l’épée pour remplacer le glaive brisé, Claudas l’atteint de la sienne en plein visage ; la pointe pénètre à travers les mailles de la ventaille et le renverse sur l’arçon de derrière. Ses yeux se troublent ; mais Claudas, après ce suprême effort, s’affaisse pâmé sur l’avant de la selle. Lambègue reprend ses esprits le premier, et, voyant Claudas immobile, les deux mains crispées sur la crinière de son cheval, il lui assène un coup d’épée pour lui trancher la tête, au moment où le cheval se dressait sur ses jambes de derrière ; de sorte que le coup porta sur le sommet du haubergeon. Le roi tomba lourdement à terre ; il allait recevoir le coup de grâce, quand arrivèrent ses gens qui, faisant un rempart à leur seigneur, forcèrent Lambègue à ramener son écu sur sa poitrine. Il ne fuyait pas cependant ; dans sa rage, il se serait