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MERLIN.

tienent apaié, et se li rois Loth por moi voille prendre la fille le duc. Lors respont li rois Loth : Sire, vos ne me pourrois de chose requerre por vostre honor et por vostre pais que je ne face moult volontiers. Lors parla Ulfins, oiant tous, à celui qui les paroles à la dame menoit, et li demande : Loez-vous ceste pais ? Et cil regarde la dame et son conseil qui furent si morne et si piteus que l’iaue dou cuer lor estoit montée as oils, si que il ploroient de pitié et de joie ; et il demanda à la dame cui parole il disoit et as parens le duc ; Loez-vous ceste pais ? La dame se taist et li parent parolent et dient tout ensemble : Il n’est home qui Dieu croie qui ne la doie loer, et nos la loons bien. Ensi fu créanté d’une part et d’autre. »

Il est impossible de ne pas reconnaître ici l’art avec lequel l’auteur nous conduit au mariage d’Ygierne. La vertu, l’honneur de la duchesse sont constamment respectés : victime des sortiléges de Merlin, la jeune veuve est un modèle accompli de vertu conjugale. Elle se révolte à la pensée d’avoir vidé la coupe d’or que le roi lui avait présentée : elle crie vengeance contre une simple tentative de séduction non suivie d’effet, et son cœur reste fidèle à tous ses devoirs d’épouse. La retraite du duc de Tintagel, l’ajournement qui lui est donné, l’aide et