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LE ROI ARTUS.

si rapide qu’aucun cheval n’aurait pu le suivre ; il s’était perdu dans la forêt aventureuse, avait gagné le rivage de la mer, et de là, sans barque ni rames, il était arrivé le même jour à Jérusalem.

Flualis était roi de la contrée. Prince de grand renom parmi les Sarrasins, il venait de rassembler tous les sages de ses États et des États voisins, pour leur demander l’explication d’un songe : « L’autre nuit, » leur dit-il, « je m’endormis en croyant tenir la reine entre mes bras, quand tout à coup il me sembla voir deux serpents ailés à têtes épouvantables, dont les gueules jetaient de grands brandons de feu. L’un des serpents s’attachait à moi, l’autre à la reine ; ils nous portèrent sur la pointe de mon palais, dépecèrent nos bras et nos jambes et les répandirent çà et là. Alors vinrent huit serpenteaux, et chacun d’eux saisissant les autres parties de notre corps ; les portèrent au sommet du temple de Diane, où ils les découpèrent en petits morceaux. Cependant les deux grands serpents réduisaient en flammes le palais ; la cendre de nos deux corps que le feu avait dévorés était par le vent transportée par-delà la mer, disséminée dans maintes villes en parcelles plus ou moins grandes. Tel est le songe qui m’a visité : s’il est quelqu’un de vous qui puisse m’en donner