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COMBAT D’ARTUS ET DE RION.

poings, si bien que, jetant ces derniers morceaux à terre, ils prirent des deux mains leurs épées, martelant de nouveau les heaumes et les hauberts, pénétrant dans les chairs sanglantes et palpitantes. Bien leur valut d’être harassés de fatigue, car, dans l’état où se trouvaient leurs armes, haubert, heaume et écu, le moindre coup les eût navrés à mort.

Rion, le premier, voyant qu’il avait rencontré un champion plus rude que tous ceux auxquels il avait eu jamais affaire, dit : « Roi Artus, ce serait grand dommage d’abréger tes jours car, je l’avoue, je n’ai jamais trouvé d’aussi vaillant chevalier. Et comme je crains de te voir courir à la mort avant d’avouer ta défaite, je te prie, par l’intérêt que je te porte, de t’avouer vaincu, pour ne me pas contraindre à te tuer. Voici mes conditions : tu me donneras ta barbe : elle aura plus de prix à mes yeux, si je l’obtiens sans être achetée au prix de ta vie. »

Artus, au lieu de répondre à ces offres insolentes, courut sur Rion en levant des deux mains sa grande épée Marmiadoise ; il espérait la faire tomber d’aplomb ; Rion esquiva le coup, mais sans grand profit pour lui, car la lame brûlante porta sous le heaume, lui trancha le nez et descendant plus bas atteignit le cou du cheval qu’il sépara du poitrail. Le Danois tomba :