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les leur emprunter. On alla plus loin encore, en plaçant sous leur patronage les joutes, les tournois, parfois même les combats judiciaires. Dans cet ordre de compositions, un certain nombre de traditions religieuses, particulières à l’église gallo-bretonne, devinrent le tronc d’où parurent s’échapper les récits primitifs, comme autant de branches et de rameaux. Disposition réellement fort habile, quoique peut-être elle se soit présentée d’elle-même, pour donner une apparence de sincérité aux inventions les plus incroyables et les plus éloignées de toute espèce de vraisemblance.

On est aujourd’hui d’accord sur l’origine de ces fameuses compositions. Elles sont comme le reflet des traditions répandues au douzième siècle parmi les Bretons d’Angleterre et de France. Le courant de ces traditions provenait lui-même de trois sources distinctes : — les souvenirs de la longue résistance des Bretons insulaires à la domination saxonne ; — les lais ou chants poétiques échappés à l’oubli des anciennes annales, et dont l’imagination populaire était journellement bercée ; — les légendes relatives soit à l’établissement de la foi chrétienne dans la Bretagne insulaire, soit à la possession et à la perte de certaines reliques. Encore faut-il ajouter à ces trois sources patriotiques un certain nombre d’émanations orien-