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son innocence : « Comment, dit-elle, ajouter la moindre foi aux paroles d’un insensé ! » Et, pour justifier le mépris que méritaient de telles accusations, elle fait prendre successivement trois déguisements à l’un des habitués du palais. Merlin interrogé annonce à cet homme trois genres de mort. La prédiction s’accomplit, mais beaucoup plus tard[1], et la reine, en attendant, triomphe de la fausse science du devin. On retrouvera dans le roman de Merlin cet épisode devenu célèbre.

  1. Sicque ruit, mersusque fuit lignoque pependit,
    Et fecit vatem per terna pericula verum.

    Il faut remarquer que sir Walter Scott, d’après l’ancien chroniqueur écossais Fordun, a commis une étrange méprise en appliquant cette prophétie du triple genre de mort de la même personne à Merlin lui-même : « Merlin, according to his own prediction, perished at once by wood, earth and water. For being pursued with stones by the rustics, he fell from a rock into the river Tweed, and was transfixed by a sharp stake fixed there for the purpose of extending a fish-net. » Et là-dessus de citer quatre vers dont les deux derniers appartiennent au poëme de Geoffroy :

    Inde perfossus, lapide percussus, et unda
    Hanc tria Merlini feruntur inire necem ;
    Sicque ruit mersusque fuit, lignoque prehensus,
    Et fecit vatem per terna pericula verum.

    Nouvelle preuve de la facilité avec laquelle les traditions se transforment et se corrompent.