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Voici maintenant Geoffroy de Monmouth (liv. I, § II) :

Et sulcantes æquora cursu triginta dierum venerunt ad Africam. Deinde venerunt ad aras Philenorum et ad locum Salinarum, et navigaverunt intra Ruscicadam et montes Azariæ… Porro flumen Malvæ transeuntes, applicuerunt in Mauritaniam ; deinde… refertis navibus, petierunt Columnas Herculis… utrumque tamen elapsi venerunt ad Tyrrhenum æquor.

Ces indications géographiques dont Geoffroy peut-être aurait difficilement essayé de justifier l’exactitude, et qu’il se contente de rapporter au fabuleux voyage de Brutus, pour enfler la légende bretonne aux dépens de celle des Irlandais, sont évidemment l’œuvre d’un seul des deux auteurs, c’est-à-dire de Nennius, le plus ancien des deux. Un grand nombre d’autres phrases ne permettent pas de contester l’influence de la première histoire sur la seconde : comme le récit de la présentation d’Ambrosius (le Merlin de Geoffroy) à la cour de Wortigern ; la description du festin dans lequel la belle Rowena, fille d’Hengist, porte la santé du roi breton. Or, si l’on considère que Geoffroy de Monmouth avait pu dire, la chronique de Nennius sous les yeux, que le livre breton était le seul qui fît mémoire d’Artus et de ses prédécesseurs, on devra se trouver assez naturellement conduit