Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peler de l’ancien chef des Bretons Artus. « Cet Artus, » dit-il, « source de tant de folles imaginations bretonnes ; bien digne cependant d’inspirer, au lieu de fables mensongères, des relations véridiques, comme ayant été le soutien généreux de la patrie chancelante, et le vaillant promoteur de la résistance à l’oppression étrangère[1]. »

Guillaume de Malmesbury nous paraît dans ce passage témoigner un double regret, et de la concision de Nennius, et des fabuleuses amplifications de Geoffroy de Monmouth, déjà devenues l’objet d’une vogue extraordinaire. Que l’Historia Britonum eût paru avant l’Historia Regum Anglorum de Malmesbury, les dernières lignes de Monmouth ne permettent pas d’en douter. « Je laisse, » dit-il, « le soin de parler des rois saxons qui régnèrent en Galles à Karadoc de Lancarven, à Guillaume de Malmesbury et à Henry de Huntingdon. Seulement, je les engage à garder le silence sur les rois bretons, attendu qu’ils n’ont pu voir le livre breton rapporté par Gautier d’Oxford, lequel j’ai traduit en latin. » Or ce

  1. Hic est Arturus de quo Britonum nugœ hodièque delirant ; dignus plane quod non fallaces somniarent fabulœ, sed veraces prœdicarent historiœ ; quippe qui labantem patriam diu sustinuerit infractasque civium mentes ad bellum acuerit. (De Gestis Angliæ Regum, lib. I.)