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y faire assez distinguer votre heureuse influence pour qu’il cesse d’être la méchante production de Geoffroy, et devienne l’œuvre du fils d’un roi, de celui que nous reconnaissons pour un éminent philosophe, un savant accompli, un vaillant guerrier, un grand chef d’armée ; en un mot, pour le prince dans lequel l’Angleterre aime à retrouver un second Henry. »

Ces lignes de Geoffroy de Monmouth nous donnent les moyens de conjecturer la première date de son livre. Le caractère des éloges prodigués au comte de Glocester convient au temps où ce fils naturel de Henry Ier, méconnaissant l’autorité du roi son frère, prenait en main la défense des droits et des intérêts de sa sœur l’impératrice Mathilde, comtesse d’Anjou, sans doute avec le secret espoir d’obtenir lui-même une grande part dans l’héritage du feu roi leur père. Cette guerre civile, dont les premiers succès furent suivis de revers prolongés, durait encore en 1147, quand la mort surprit le comte de Glocester. C’est donc avant cette époque, et probablement vers 1137, au début de la guerre, que Geoffroy lui présentait son livre. Alors les Gallois, sous la conduite de ce Walter Espec dont il est parlé dans la chronique de Geoffroy Gaymar, venaient de remporter une victoire signalée qui semblait faire