Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
LE SAINT-GRAAL.

guérir avant un mois. » Alors il s’éloigna, chercha çà et là dans le préau les herbes qu’il voulait employer, les réunit, en fit une apostume qu’il appliqua sur le mal, et, avant que le mois fût passé, Pierre, revenu dans sa première santé, parut devant la demoiselle, plus beau que dans ses plus belles années, quand il était parti de Jérusalem.

Il y avait en ce temps un roi d’Irlande nommé Maraban, vassal du roi Luce de la Grande-Bretagne. Le jour même où la demoiselle avait trouvé Pierron, il était venu voir le roi Orcan, vassal comme lui du roi Luce. Il arriva que le bouteiller d’Orcan, pour se venger d’une offense, versa du poison dans la coupe du fils de Maraban, de sorte que le jeune homme en mourut ; le roi d’Irlande, persuadé que le venin lui avait été donné par l’ordre d’Orcan, se rendit à la cour du roi de la Grande-Bretagne, et demanda justice. Orcan répondit à l’appel, nia le crime, tendit son gage contre l’accusateur, et déclara qu’il était prêt à combattre de son corps, ou du corps d’un de ses chevaliers. Il fit cette réserve, parce que le roi Maraban passait pour le plus fort jouteur et le plus vaillant qu’on eût vu depuis longtemps. Les gages furent retenus, les otages livrés et le jour de la bataille fixé.

Alors, voulant connaître s’il y avait parmi ses