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SIMÉON ET CANAAN.

vinrent saisir Siméon et l’emportèrent loin de là, sans que les autres chrétiens pussent savoir dans quel lieu il allait être déposé.

Canaan fut à son tour conduit à la fosse qui lui était destinée. On le recouvrit de terre, et comme il en avait déjà jusqu’aux épaules, il témoigna un si profond repentir de son forfait qu’il n’y eut personne qui n’en fût ému. « Ah ! sire Josephe, » s’écriait-il, « je suis le plus grand criminel du monde ; il n’est pourtant aucun péché, si grand qu’il soit, que notre Dieu ne pardonne comme un père à son enfant, s’il voit que l’enfant en ait un véritable repentir. Que mon corps soit tourmenté, que mes douleurs se prolongent au-delà de la mort, mais que mon âme ne soit pas éternellement condamnée au séjour des réprouvés ! Et vous, mes parents, mes anciens amis, de grâce déliez-moi les mains, et consentez à ensevelir les douze frères que j’ai immolés, autour de ma tombe. Peut-être leur innocence protégera-t-elle mon iniquité ; peut-être les lettres que vous tracerez sur les pierres inviteront-elles les voyageurs à prier pour eux et pour moi ! »

Josephe et les chrétiens furent touchés de son repentir et firent ce qu’il désirait. On l’ensevelit les mains déliées, on creusa douze fosses autour de la sienne, on y enferma ses douze