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HISTOIRE D’IPOCRAS.

tait déjà beaucoup de l’avoir détourné de se rendre en Judée pour y voir les merveilles accomplies par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui eût été son sauveur, comme il sera celui de tous les hommes qui ont cru et qui croiront en lui.

Il arriva que le roi Antoine, tenant grande cour, fit prier Ipocras de venir le voir : Ipocras y consentit, emmenant avec lui sa femme, qu’il aimait toujours sans qu’elle lui en sût le moindre gré. La cour fut grande et somptueuse, les festins abondants et multipliés. Un jour, en sortant de table, après avoir bu et mangé plus que de coutume, Ipocras, voulant prendre l’air, conduisit sa femme devant les loges, ou galeries, qui répondaient à la cour. Comme ils étaient appuyés sur le bord des loges, ils virent passer devant eux une truie en chaleur que suivait un verrat. « Regardez cette bête, » dit alors Ipocras. « Si on la tuait au moment où elle est ainsi échauffée, il n’est pas d’homme qui pût impunément manger de la tête. — Sire, que dites-vous là ? » fit sa femme. « Comment ! on en mourrait, et sans remède ? — Assurément ; à moins qu’on ne bût aussitôt de l’eau dans laquelle la hure aurait été cuite. »

La dame fit grande attention à ces paroles : elle n’en laissa rien voir, sourit et changea de