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HISTOIRE D’IPOCRAS.

Le mariage fut donc célébré à deux jours de là ; on leur donna dix livrées de terre et un logis près des degrés. La dame savait travailler en fils d’or et de soie : elle fit des ceintures, des aumônières, des chaperons de drap ornés d’oiseaux et de toute espèce de bêtes ; elle amassa dans sa nouvelle condition de grandes richesses, dont elle fit part au nain, qu’elle ne cessa d’aimer uniquement, jusqu’à sa mort ; et quand, après dix ans, elle le perdit, elle demeura en viduité et ne voulut jamais entendre à d’autre amour.

Ainsi parvint Ipocras à se venger de la belle dame gauloise, et à prouver que la sagesse de l’homme pouvait l’emporter sur la subtilité de la femme. Dès lors il reprit son ancienne sérénité. Il consentit à visiter, à guérir les malades, et à faire l’agrément des dames et des demoiselles, avec lesquelles il passait tout le temps qu’il ne donnait pas soit à l’empereur, soit à ceux qui se réclamaient de sa haute science.

C’est en ce temps-là qu’un chevalier, revenant à Rome après un grand voyage, se rendit au palais, où l’empereur, après l’avoir fait asseoir à sa table, lui demanda de quel pays il arrivait. « Sire, de la terre de Galilée, où je vis faire les choses les plus merveilleuses à un homme de ce pays. C’est pourtant un