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HISTOIRE D’IPOCRAS.

l’avait ainsi éblouie, elle aperçut les deux images sur le pilier ; on lui dit que c’était Gaius, le neveu de l’empereur, et celui qui avait ramené Gaius de mort à vie, c’est-à-dire Ipocras, le plus sage des philosophes. « Oh ! » reprit-elle, « celui-là qui peut ramener un homme de mort à vie n’est pas encore né. Que cet Ipocras soit le premier des philosophes, j’y consens ; mais, si je voulais m’en entremettre, je n’aurais besoin que d’un jour pour en faire le plus grand fou de la ville. »

Le mot fut rapporté à Ipocras, qui le prit en dédain, parce qu’il avait été dit par une femme. Toutefois il pria l’empereur de lui donner les moyens de voir celle qui avait ainsi parlé. — « Je vous la montrerai demain, quand nous irons faire nos prières au Temple. » De son côté, la dame, à partir de ce jour, prit un plus grand soin de se parer, pour arrêter plus sûrement les regards d’Ipocras.

Le lendemain, à heure de Primes, l’empereur alla, comme il en avait l’habitude, au Temple, et mena Ipocras avec lui. Ils se placèrent aux siéges réservés des clercs. La dame de Gaule eut soin de se mettre en face, et, quand elle se leva pour l’offrande, on admira la beauté de son visage et de ses vêtements. L’empereur alors faisant un signe à Ipocras : « La voilà, » dit-il. Ipocras suivit des yeux la dame à l’aller