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LA NEF DE SALOMON.

misérables, faites de chanvre si mal lié qu’on ne pouvait y suspendre l’épée sans que bientôt elle ne dût s’en détacher. « Y pensez-vous ? » dit Salomon ; « jamais la plus vile épée ne tint à d’aussi viles renges. — C’est pour cela que j’entends les joindre à la plus merveilleuse de toutes les épées. Dans les temps à venir, une demoiselle saura bien les changer contre d’autres plus dignes de la soutenir. Et l’on reconnaîtra ici l’influence des deux femmes dont je vous entends parler ; car, de même que la Vierge bienheureuse réparera le tort de notre première mère, ainsi la demoiselle ôtera les renges qui déshonorent votre épée, et les remplacera par les plus belles et les plus précieuses du monde. » Plus la dame parlait, et plus Salomon s’émerveillait de la subtilité de son esprit et de la justesse de ses inventions. Il fit alors transporter dans la nef un lit du bois le plus précieux, sur lequel il mit, comme on a vu, la couronne et l’épée du roi David.

Mais la dame aperçut qu’il manquait encore quelque chose à la perfection de l’œuvre. Elle conduisit des charpentiers devant l’arbre de vie sous lequel Abel avait été tué : « Vous voyez, » leur dit-elle, « cet arbre vermeil, et ces autres arbres, les uns blancs, les autres verts ; vous allez en couper trois fu-