Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
L’ILE TOURNOYANTE.

blée si l’on n’avait pu se débarrasser de ce fâcheux résidu.

Et comme cette masse, où se confondait la légèreté de l’air et du feu avec la pesanteur, la froideur de l’eau et de la terre, se trouvait également repoussée par la terre et par le ciel, en faisant d’inutiles efforts pour se rattacher à l’un ou à l’autre, il lui arriva de planer un jour sur la mer d’Occident, entre l’île Onagrine et le port au Tigre. Là se rencontre une énorme masse d’aimant, et l’on sait que l’aimant a la propriété d’attirer le fer. La rouille ferrugineuse qui formait une grande partie de la masse fut ainsi retenue par cette roche sous-marine, mais non pas assez pour vaincre toute résistance de la part du résidu des autres éléments ; si bien que, l’air et le feu tendant à s’élever, l’eau à s’étendre, la terre à s’abaisser et la rouille ferrugineuse à suivre l’aimant, il résulta de ces efforts contraires une sorte d’état stationnaire pour la masse, et d’agitation pour ses diverses parties. Retenue par l’aimant, elle pivota sur elle-même, d’après les évolutions du ciel et des constellations. Ainsi, par le mouvement en sens contraire de son quadruple élément, igné, vaporeux, liquide et terrestre, fut-elle condamnée à une sorte de tourmente perpétuelle. Voilà pourquoi ce rebut des Éléments avait reçu le nom de l’île Tournoyante. Sa lon-