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LE SAINT-GRAAL.

il passa par Jérusalem, et ne craignit pas de faire du temple de Salomon l’étable de ses chevaux. Dans la cité sainte était alors un vieillard pieux et sage ; ce fut le père du prêtre Siméon, qui devait plus tard recevoir la sainte Vierge quand elle présenta son Fils. Cet homme alla trouver Pompée et s’écria : « Malheur à moi qui ai vu les enfants de Dieu manger dehors, et les chiens assis à la table qui leur était préparée ! Malheur à moi qui ai vu les lieux saints devenir des chambres privées à l’usage des porcs ! » Puis, s’adressant à l’empereur : « Pompée, » lui dit-il, « on voit bien que tu as fréquenté Focart et que tu l’as choisi pour modèle ; mais ton impiété a courroucé le Tout-Puissant, et tu sentiras le poids de sa vengeance. » À compter de ce jour, la victoire abandonna Pompée : il n’entra plus dans une seule ville qu’il n’en sortît honteusement ; il ne livra plus de combats qu’il ne fut jeté hors des lices. Sa première gloire fut oubliée, et l’on ne se souvint plus que de ses revers.

Telle était donc la Roche du Port périlleux, sur laquelle le roi Mordrain avait été transporté. Plus il regardait autour de lui, plus il perdait l’espoir de vivre en un tel lieu. Tout à coup il voit approcher une petite nef, d’une forme singulièrement agréable. Le mât, les voiles et les cordages étaient de la blancheur