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LE SAINT-GRAAL.

C’était la fille du duc d’Orcanie, et la sœur de Seraphe ou Nascien. Il y avait trente ans qu’un saint ermite nommé Saluste l’avait convertie, et, depuis qu’elle était devenue reine de Sarras, elle n’attendait qu’un moment favorable pour essayer d’ôter le bandeau qui couvrait les yeux de son époux. Mais l’honneur de répandre la bonne nouvelle dans cette contrée était réservé aux deux Joseph. Nous citerons un seul trait de leurs travaux apostoliques.

Tandis que le père baptisait les gens du royaume de Sarras, le fils suivait Nascien en Orcanie et faisait aux idoles une guerre impitoyable. Dans le temple de la ville d’Orcan était une figure posée sur le maître-autel. Josephe dénoua sa ceinture et se plaça devant elle, en conjurant le démon d’en sortir d’une façon visible ; en même temps il jeta la ceinture autour du cou de l’idole, et la traîna en dehors du temple jusqu’aux pieds de Mordrain. Le diable poussait des cris aigus qui faisaient accourir de tous côtés la foule. « Pourquoi me tourmenter ainsi ? » disait-il à Josephe. — « Tu le sauras : mais j’apprends en ce moment la mort de Tholomée Seraste, dis-moi pourquoi tu l’as tué. — Je répondrai, si tu me desserres le cou. » Josephe, lâchant la ceinture et prenant l’idole par le haut de la tête : « Parle maintenant. — Je voyais les miracles que