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LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

plaires[1], tandis qu’un seul manuscrit nous a jusqu’à présent révélé l’existence du poëme.

On pourra demander ici quelles raisons de croire que le poëme ait été le modèle suivi par celui qui nous en représente toute la substance en prose. Ces raisons, les voici : malgré l’intention que le prosateur avait de suivre pas à pas le poëme, il en a souvent mal rendu le véritable sens, et quelquefois il y a fait des additions impertinentes. Citons quelques exemples, que j’aurais pu facilement multiplier.

Le poëte, au vers 165, expose comment Jésus-Christ avait donné charge à saint Pierre d’absoudre les pécheurs, et comment saint Pierre avait délégué son pouvoir aux ministres de l’Église :


A sainte eglise a Dieu doné
Tel vertu et tel poesté :
Saint Pierre son commandement
Redona tout comunalment
As menistres de sainte eglise ;
Seur eus en a la cure mise.


Ces vers sont d’un sens plus clair pour nous qu’ils ne le furent pour notre prosateur ; car il les rend ainsi :

  1. J’en ai jusqu’à présent reconnu quatre manuscrits : deux dans la Bibliothèque impériale, un à l’Arsenal, un autre dans le précieux cabinet de mon honorable ami M. Ambr.-Firmin Didot.