Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

Qui de Montbelial esteit,
Unques retreite esté n’aveit
La grant estoire dou Graal,
Par nul home qui fust mortal.
Mais je fais bien à tous savoir
Qui cest livre vourront avoir,
Que se Diex me donne santé
Et vie, bien ai volenté
De ces parties assembler,
Se en livre les puis trouver.
Ausi, come d’une partie
Lesse que je ne retrai mie,
Ausi convenra-il conter
La quinte et les quatre oblier.


C’est-à-dire : « Mais quand je fis, sous les yeux de messire Gautier de Montbéliart, le roman qu’on vient de lire, je n’avais pu consulter la grande histoire du Graal, que nul mortel n’avait encore reproduite. Maintenant qu’elle est publiée, j’avertis ceux qui tiendront à la suite de mes récits, que j’ai l’intention d’en réunir toutes les parties, pourvu que je puisse consulter les livres qui les renferment. »

Je ne crois pas qu’on puisse entendre et développer autrement cet important passage, et j’en conclus que si Robert de Boron écrivit le poëme de Joseph avant la publication du Saint-Graal, c’est dans une tardive révision, seule parvenue jusqu’à nous, qu’il a réclamé le mérite de l’antériorité, afin de se justifier, soit