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LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

position de Geoffroy dut naturellement l’empêcher d’aborder un pareil sujet. Il était moine bénédictin ; il aspirait aux honneurs ecclésiastiques, auxquels il ne tarda pas d’arriver : une grande réserve lui était donc commandée à l’égard d’un livre aussi contraire à la tradition catholique.

Pour Robert de Boron, il n’a voulu prendre parti ni pour ni contre les prétentions romaines ou galloises. On lui avait raconté une belle histoire de Joseph d’Arimathie et de la Véronique, consignée dans « un livre qu’on nommait le Graal, » et d’une table faite à l’imitation de celle où Jésus-Christ avait célébré la Cène : il ne vit dans tout cela rien qui ne fût orthodoxe, et il ne crut pas un instant que l’amour de Jésus-Christ pour Joseph pût porter la moindre atteinte à l’autorité de saint Pierre et de ses successeurs. En un mot, il n’entendit pas malice à toutes ces histoires, et il ne les mit en français que parce qu’elles lui parurent faites pour plaire et pour édifier. Il n’en sera pas de même, comme nous verrons, de l’auteur du roman du Saint-Graal, qui, traducteur plus ou moins fidèle, ne craindra pas d’opposer aux droits de la souveraineté pontificale, les fabuleuses traditions de l’Église bretonne.

Maintenant il y a, j’en conviens, quelque