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LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

tolat de Joseph d’Arimathie[1], refuse cependant, avec M. Pierre Varin, d’admettre que l’Église bretonne ait jamais eu la moindre tendance schismatique. Suivant lui, les Bretons, avant les Anglo-Saxons, croyaient bien devoir les premières semences de la foi à Joseph, « qui n’aurait emporté de Judée pour tout trésor que quelques gouttes du sang de Jésus-Christ ; et c’est ainsi que le midi de la France faisait remonter ses origines chrétiennes à Marthe, à Lazare, à Madeleine. Mais, » ajoute ailleurs le grand écrivain[2], « les usages bretons ne différaient des usages romains que sur quelques points qui n’avaient aucune importance ; c’était sur la date à préférer pour la célébration de la fête de Pâques ; c’était sur la forme de la tonsure monastique et sur les cérémonies du baptême[3]. » Si M. de Montalembert et les autorités qu’il allègue avaient pu devancer l’opinion générale et attacher quelque importance à la lecture du Saint-Graal, ils auraient assurément changé d’opinion ; ils auraient reconnu que les légendes

  1. Moines d’Occident, t. III, p. 24, 25.
  2. P. 87
  3. Bède, après avoir parlé de cette supputation différente du temps pascal, ajoute pourtant : « Alia plurima unitati ecclesiasticæ contraria faciebant. Sed suas potius traditiones universis quæ per orbem concordant ecclesiis, præferebant » (lib. II, ch. ii).