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preux ; on y avait poussé jusqu’au dernier excès l’admiration de leurs grands coups de lance. On finit par y trouver l’inspiration de la poésie héroï-comique, délicieux mélange de gravité et de plaisanterie dont le Pulci, dans son Morgante maggiore a créé le type, et le divin Arioste dans l’Orlando Furioso, l’éternel chef-d’œuvre.

Dans le même temps naissait, en Espagne ou en Portugal, le fameux roman d’Amandis. Les personnages de cette troisième épopée chevaleresque sont encore des guerriers de France et de Gaule. Aussi, bien des critiques les regardent-ils, avec assez de fondement, comme une dégénérescence des héros de la Table ronde avec lesquels il est facile de leur trouver d’autres rapports également incontestables. Par exemple, on ne doit pas mettre sérieusement sur le compte de deux inventeurs, quel qu’ait été le véritable, le type de Lancelot du Lac et celui d’Amadis de Gaule, Galaor et Gauvain, Perceval et Esplandian, Gevièvre et Oriane, Urgande et la dame du Lac, Brangain et Dariolette. D’un autre côté, les Espagnols et les Portugais n’ayant pas la prétention de renvoyer l’invention de leur Amadis au-delà