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du ministère de l’instruction publique pour les travaux historiques. À cette traduction, M. de Coussemaker joignit un fac-simile du fragment de Valenciennes et l’explication de ce qui n’y était pas tracé en lettres tironiennes.

Tout cela n’avait certainement aucun rapport avec le texte critique de la Chanson de Roland ; cependant, voici comme M. Génin, après avoir achevé l’inutile dénombrement de ses noms de lieu, s’y est pris pour tirer à lui quelque chose de la découverte de M. Bethmann et du travail de M. de Coussemaker :

« Tandis que je ramassais laborieusement ces miettes de français dans les chartes latines, le hasard me préparait une preuve bien autrement décisive. Une brochure intitulée : Voyage historique dans le nord de la France, me fit connaître le fac-simile d’un lambeau de parchemin. Sur ce fac-simile, je lus sans peine des mots et des phrases entières d’un français assez conforme à celui du Livre des Rois ; dans l’espoir d’en faire sortir quelque chose de plus que du fac-simile, je demandai communication du volume de Valenciennes ; et lorsque je l’eus sous les yeux, je pensai qu’il était possible d’en tirer un grand secours pour la philologie française. » (Pag. lii.)

Vous pensiez, monsieur ? mais, puisque vous étiez en train, n’auriez-vous pas dû penser un peu à M. Bethmann, auquel on devait, depuis dix ans, la découverte du fragment ; et surtout à M. de Coussemaker, qui, pour vous permettre de lire sans peine, avait, dès 1849, publié le premier fac-simile et expliqué les mots tracés sur ce fragment ? Voilà M. Génin pris une fois de plus sur le fait. Le fac-simile est publié accompagné de son interprétation : M. Génin, qui n’a pas à se préoccuper de la dépense, le fait exécuter une seconde fois pour se vanter de l’avoir lu sans peine, et d’avoir pensé qu’on en pouvait tirer un grand secours philologique. Nous ne dirons rien ici de la découverte de M. Jules Tardif ; tout importante qu’elle soit, elle n’offre aucune espèce de rapport avec les fouilles profondes de M. Génin.

Au lieu de s’arrêter au onzième siècle, M. Génin soutient bravement que le fragment doit être du dixième, et probablement du neuvième ; car dans cette partie de l’Introduction, tout, Livre des Rois, Roncevaux et Sermon, doit être du neuvième siècle. Mais vouloir reconnaître, dans ce brouillon de sermon farci, un modèle de style carlovingien, et conclure de là que, sans parler encore français, on cessait alors d’écrire et de parler latin, c’est