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parle comme doit le faire tout prince jaloux de maintenir son autorité :

Seigneurs, gardez que vous contez
Ignorez-vous nostre puissance,
Nostre siége, nostre ordonnance ?
Ignorez-vous que vray roy somes
De Judée, et de tous les homes
Qui sont au royausme appendans ?
En quel part estes-vous tendans ?
Quel prince, quel roy querez-vous ?
Est-il huy autre roy que nous ?
Est-il home deça la mer
Si hardy qui s’osast clamer
Roy des Juis ? Si, viengne s’embattre
Par force l’en voudrons combattre
Tellement, que s’en desdira.


Corneille ou du moins Voltaire n’aurait pas fait autrement parler Hérode.

Dans la deuxième journée, on ne peut oublier la belle scène de Jean-Baptiste avec Hérode, quand, en présence de la concubine adultère, il reproche au tétrarque les désordres de sa vie. — Les Noces de Cana offrent un tableau riant et naturel ; les serviteurs, les maîtres, Notre-Dame et Jésus y conservent leur caractère ; vous n’avez pas oublié ces jolis triolets :


Veey très mauvaise nouvelle,
Et grevable pour les suppos.


L’ESPOUSE


Que vous faut-il ?


RESPIGÉ


La chose est telle.

Il n’y a plus de vin au pos…


C’est encore dans cette journée qu’on trouve la mondanité de Lazare, et le délicieux épisode de la jeunesse de Magdeleine ; l’agréable scène de la danse de Salomé devant Hérode ; la guérison de l’aveugle né, à laquelle les docteurs de la loi refusent de croire, bien que l’aveugle clairvoyant proteste qu’il les voit et que c’est à Jésus qu’il doit le bonheur de les voir. Il faut lire comment leur fureur, ne pouvant enfin se refusera l’évidence, se tourne con-