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et qui remontent à une période d’une soixantaine d’années, il faut donc conclure que la Baie-James offre 6 mois complets de navigation. Ce fait est dû sans doute aux débâcles prématurées des grandes rivières affluentes, qui vont chercher leurs eaux dans les régions méridionales. Or si la rumeur que j’ai recueillie est également vraie, savoir : que la Baie-d’Hudson est libre pendant les douze mois de l’année, ce qui me paraît très-plausible ; et que le courant du détroit est si fort qu’il ne permet à aucune banquise de s’y arrêter, le problème de la navigation de cette importante mer intérieure serait bien vite résolu.

Remarques.

Après tout, je ne vois pas pourquoi le climat de ce fameux territoire de la Baie-d’Hudson serait plus terrible que celui de nos Provinces du Golfe St. Laurent. Je serais même porté à croire que la comparaison est toute à l’avantage du premier, puisque par les cotes du Labrador, il se trouve soustrait à l’influence du grand courant Arctique, si peu aimable, parait-il, qu’un bon jour, on rêva de lui fermer la porte au nez en bouchant le détroit de Belle-Isle.

En voilà assez, je crois, sinon pour convertir tout-à-fait les incrédules, du moins pour leur donner sérieusement à réfléchir. Si malgré cela le seul mot de Baie-d’Hudson, les fait encore frissonner, je leur conseillerai une petite expérience :

Ce serait d’oublier pendant deux ou trois jours qu’ils ont dans la belle ville de Montréal, ou ailleurs, une résidence bien meublée et bien chauffée. Puis, choisissant une de ces charmantes semaines de pluie froide dont nous gratifie ordinairement la fin de Juillet, d’essayer au beau milieu de la rue Craig, les douceurs de la vie sauvage telle qu’on la pratique sur les bords de la Baie-James : Coucher sur la terre nue sans autre abri qu’une petite tente, cuire ses aliments et sécher ses habits à un petit feu