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fléau a désolé vingt fois cette ville, depuis Jules César jusqu’au commencement de notre siècle. Quoique nous n’ayons pas eu soin de faire observer dans cet ouvrage tous les maux que cette terrible maladie a faits en Provence, nous avons pourtant remarqué, que dans l’espace de dix-sept siècles, qui se sont écoulés depuis Jules César, on en a ressenti plus de trente fois les funestes atteintes ; et nous trouverions ces malheurs bien plus souvent répétés, si l’histoire avait eu soin d’en conserver le souvenir.

Le XVe siècle a vu neuf fois la ville de Marseille plongée dans les horreurs de la peste ; parce que le peu d’harmonie qui régnait dans l’Hôtel de Ville, les divisions intestines qui déchiraient la Provence, le peu de cas qu’on faisait de l’autorité royale, furent cause qu’on négligea de soumettre aux épreuves ordinaires les vaisseaux venant du Levant.

On fut moins malheureux dans le XVIIe siècle, lorsque la sagesse d’Henri IV, et les efforts du Cardinal de Richelieu eurent porté l’autorité royale à ce haut degré de puissance, d’où elle put étendre sa vigilance sur toutes les parties du royaume. Il semble qu’après le long règne de Louis XIV, sous lequel on commença d’établir dans nos ports une police auparavant inconnue, on aurait dû être encore plus à l’abri de la contagion.

Cependant elle se développa avec une vitesse inconcevable, au moment où les citoyens croyaient avoir le plus de raisons de compter sur la vigilance publique. Elle fut apportée à Marseille le 25 mai 1720, par un navire qui, étant parti de Seyde le 31 janvier de la même année, sous la conduite du capitaine Chautaud, alla se réparer dans le port de Tripoli de Syrie, où il prit encore quelques marchandises et quelques Turcs pour les passer en Chypre. Le capitaine avait sa patente nette ; c’est-à-dire qu’on y déclarait qu’à Seyde non plus qu’à Tripoli, il n’y avait aucun soupçon de mal conta-