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grès deviendront infructueux. La raison, en peu de temps, prend des racines, & les préjugés échouent dans leur lutte contre l’intérêt. Si la paix universelle, la civilisation & le commerce forment le sort le plus heureux des hommes, ils ne pourront l’obtenir que par une révolution dans les systêmes des gouvernemens. Tous les gouvernemens monarchiques sont militaires ; la guerre leur tient lieu de commerce, le carnage & les impôts sont tout leur dessein. Aussi long-temps que ces gouvernemens existeront, on ne pourra jouir d’un seul jour de paix absolue. Quelle est l’histoire de tous les gouvernemens monarchiques ? misères, crimes, épuisement, & par hasard quelques années de repos ; appauvris par la guerre, fatigués de carnage, ce calme de la satiété, ils le nomment paix. Ce n’est certainement pas la condition que la nature réserve à l’homme, ou la monarchie est la punition des crimes de nos pères.

Les révolutions qui ont précédemment agité certaines parties du monde, ont été nulles pour les intérêts généraux de l’humanité. Elles se bornoient seulement à déplacer quelques individus, à changer quelques mesures ; mais elles n’atteignoient pas les principes, & passoient dans la série des événemens journaliers. Les événemens qui viennent de nous jetter dans l’admiration & le recueillement, peuvent être nommés une contre-révolution. La tyrannie & la conquête avoient, à des époques anciennes, dépossédé l’homme de ses droits, & maintenant il y rentre. Les événemens humains ont leur marée, dont le flux & le reflux s’écoulent en directions contraires : un gouvernement fondé sur la morale, sur un systême de paix universelle, sur les droits imprescriptibles de l’homme, reflue maintenant de l’ouest à l’est ; mais, par une impulsion bien plus forte que celle du gouvernement militaire qui