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vernement est une bête : le gouvernement lui doit une reconnoissance sans borne pour sa dialectique. Une difficulté applanie en applanit souvent plusieurs autres. On enchâsse & nourrit avec soin des bêtes féroces dans les ménageries ; c’est pour montrer, sans doute, l’origine des gouvernemens ; elles sont là pour tenir lieu de constitution. Pauvre peuple ! pauvre bœuf[1] ! quels honneurs, tu as perdu de n’être pas une bête féroce ; d’après le système de M. Burke, tu aurois été bien nourri à la ménagerie.

Si mes réponses à M. Burke ne sont pas d’un genre très-grave, c’est bien plus sa faute que la mienne. Si j’avois besoin de m’excuser d’avoir défendu à ma manière la cause de la liberté, il me semble que M. Burke devroit bien aussi se justifier de l’avoir un peu abandonnée.

Il résulte d’un manque de constitution en Angleterre, pour régler l’extension excessive du pouvoir, que plusieurs loix sont tyranniques & déraisonnables, & que l’application en est vague & même éventuelle.

Revenons à notre sujet.

L’attention du gouvernement de l’Angleterre, (car j’aime mieux lui donner ce nom, que celui de gouvernement anglais) depuis sa conexion politique avec l’Allemagne, paroît avoir été tellement occupé des affaires du dehors, & des moyens de lever des impôts, que son existence semble être bornée à ces importantes considérations. Les affaires intérieures sont négligées, & quant aux loix à peine ose-t-on s’en occuper.

Presque toutes les questions actuelles sont jugées d’après les mêmes événemens, qu’ils soient toujours applicables ou non, qu’ils aient été bien jugés ou non. C’est à quoi l’on ne daigne pas prendre garde,

  1. John bull.