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point de nourriture ; mais avec un gémissement pitoyable et non interrompu, avec un cri aigu de désespoir, léchant la main qui ne répondait pas à sa caresse, — il mourut. La famine réduisit par degrés le nombre des vivants : enfin deux habitants d’une cité immense survivaient seuls, et ils étaient ennemis : ils se rencontrèrent près des tisons expirants d’un autel consumé où l’on avait entassé, pour un objet profane, un monceau d’objets sacrés : de leurs mains froides et sèches, comme celles d’un squelette, ils remuèrent et grattèrent, tout en frissonnant, les faibles cendres du foyer ; leur faible poitrine exhala un léger souffle de vie, et produisit une flamme qui était une vraie dérision : puis, la clarté devenant plus grande, ils levèrent les yeux et s’entre-regardèrent, — se virent, poussèrent un cri, et moururent ; — ils moururent du hideux aspect qu’ils s’offrirent l’un à l’autre, ignorant chacun qui était