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« elle ne peut l’être, et n’en prendra jamais le caractère. Ce que poursuit la médecine, ce n’est pas une vérité scientifique, mais un résultat pratique, qui est double : conservation de la santé, guérison des maladies. » En conséquence, qu’on ne s’étonne pas de son manque d’unité ; et si en tout point elle n’est pas en harmonie avec son principe fondamental, c’est que l’expérience et l’observation lui ont prouvé qu’il y avait avantage à le suivre dans tel cas et à le délaisser dans tel autre. Ce qu’il y a de positif, c’est que l’allopathe, tout en observant, raisonne, fait des rapprochements ; et joignant ainsi l’observation à un jugement sain, il finit, par induction, à tirer de justes conséquences. À quoi peuvent, en effet, nous servir l’expérience et les travaux de nos prédécesseurs, si ce n’est à nous indiquer la meilleure voie que nous ayons à suivre pour arriver au but que nous poursuivons, en nous montrant les difficultés et les écueils auxquels ils se sont heurtés ? S’il en était autrement, quel ne serait pas à chaque instant l’embarras du médecin, n’ayant pour se guider que quelques notions toujours incomplètes, aussi multipliées qu’on les suppose, que des tableaux qui ne lui représenteront jamais fidèlement l’état de son malade ? Sans cesse il sera livré à sa propre expérience : et que peut, en pareil cas, la connaissance des choses acquises par un seul homme ! Il passera sa vie à se créer une expérience, ne pouvant profiter de celle de ses prédécesseurs ; sa pratique ne sera qu’une longue série d’essais, et il sera tous les jours exposé ou à nuire à son semblable ou à ne lui apporter aucun soulagement, à moins que l’homœopathie, comme le feraient supposer les succès qu’on lui attribue, n’ait une influence secrète, ainsi que le dit M. Tavernier (Connaissances méd.), qui donne à l’esprit de l’homme une puissance instinctive capable de lui révéler l’inconnu, de l’élever au niveau de ces heureux somnambules qui voient par l’épigastre ou qui ont le don de prophétie.