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célèbre Müller, qui, ne repoussant aucune fusion, dit que « l’homœopathie et l’allopathie ne sont que les deux extrémités d’une même ligne, et que beaucoup de points intermédiaires les mettent en rapport l’une avec l’autre. La première, dit-il, guérit en excitant une affection dans les organes déjà malades ; la deuxième, en en provoquant une dans les organes sains, plus ou moins éloignés, qui ne sympathisent pas toujours avec la partie malade. » Il y a là, évidemment du vrai ; car, dans certains cas, ces deux doctrines antagonistes, venant à se rencontrer dans l’emploi de quelques procédés, peuvent chacune s’attribuer le mérite de la cure. Ainsi, par exemple, l’une et l’autre font frotter de neige le corps d’un homme gelé ; la première (l’homœopathie) pourrait dire : j’ai guéri par les semblables, car la neige est réfrigérante dans son effet primitif ; la deuxième (l’allopathie) dirait : j’ai triomphé par les contraires, car la neige devient inflammatoire par ses effets consécutifs.

La médecine homœopathique que nous mettons immédiatement en regard de l’autre, pèche-t-elle par ce point ? et n’y a-t-il pas l’aphorisme similia similibus curantur qui en forme la base, quelque dérogation de la part des médecins homœopathes ? La réponse, il faut le dire, paraît favorable à la première question et même à la seconde, car il semble que les homœopathes n’enfreignent pas la règle d’où ils sont partis. Une pareille doctrine serait donc préférable par son unité à la doctrine éclectique et devrait lui être substituée ; mais il faudrait, pour qu’il en fût ainsi, qu’on eût constaté, sinon qu’elle est supérieure, tout au moins qu’elle donne des preuves incontestables de son efficacité. C’est ce qui n’a pas été observé jusqu’ici.

D’ailleurs, et nous ne craignons pas de le répéter, la médecine n’est pas une science, mais bien un art ; et pour me servir des termes de M. Guardia (Médec. à travers les siècles),