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l’androgyne

sublime : et quand se rencontre un catholique trop supérieur pour obéir aux évêques de la république et trop fier pour doubler en badauderie les bedeaux en l’ostracise

Œlohil Ghuibor, né à Plouharnel, près de Karnac, fameux par ses avenues de menhirs altlantes, répondait à ce double nom d’origine fabuleuse et qui allie le plus ancien souvenir de la race rouge et de la race sémitique.

On raconte à Plouharnel qu’un naufrage jeta Œlohil Ghuibor à la côte et que, tout bien perdu, ils se fixèrent dans le château ruiné de Merodeck, et commirent de tout temps des actes de burgraves, devenus des délits depuis que le prétendu Progrès a étendu sa lèpre même sur la vieille Armorique.

Le grand-père de Samas se vantait qu’aucun de son nom n’avait jamais porté d’uniforme. Famille de réfractaires et de sorciers, tous pieux au point de provoquer un de la maréchaussée, de le tuer en duel au sabre pour venir en sécurité entendre la messe, quoique déserteur, au temps de Bonaparte.

L’aîné de la famille était toujours dans les livres, selon le mot des paysans ; les autres, contrebandiers ou agriculteurs étranges, incendiant leur ferme plutôt que de payer l’impôt foncier. Hors leur mépris des lois françaises satisfait, tous bons chrétiens, charitables et doux, adorés à vingt lieues autour de Merodeck.

Celui qu’on nommait « le druide » aux veillées, et